| Focus " Islam et Occident : regards croisés " |
Dialoguer pour semer la paix dans le monde
Mgr Henri Tessier, Mustapha Cherif, Kamel Chekkat et Boguslaw Zagorski (Pologne), tous connaisseurs de la question du dialogue inter religieux et interculturel, ont animé, hier, à la salle du Sila, au pavillon central, une conférence, ayant pour thème « Islam et Occident: regards croisés ». Henri Tessier, ex-archevêque d'Alger, a, expliqué qu' au sein d’une même civilisation, il y a des conservateurs, des fondamentalistes, et il y a ceux qui sont ouverts au dialogue et à l’universalisme. « Et, il y a ceux qui sont attachés au passé, aux traditions, d’autres, en revanche, sont pour l’ouverture et la modernité», a-t-il appuyé. Il a appelé à promouvoir le dialogue interne avant d’aller vers le dialogue externe.
En ce sens, le dialogue doit d’abord se faire entre musulmans ou entre chrétiens, avant de se faire entre musulmans et chrétiens. Selon lui, la recherche de la vérité doit se faire de façon réciproque. De son côté, Kamel Chekkat a reconnu que « la divergence est là », que « le minimum à faire est de respecter cette différence ». « Il faut aller de l'élan d’humanité qui nous anime et plonger dans la logique des visées supérieures de l’Islam », a-t-il dit. Il a rappelé qu’autrefois l’islam faisait preuve d’ouverture, mais « la réalité d’aujourd’hui fait que nous sommes dans la même logique qui a prévalu en Europe dans le Moyen Âge ».
« Garder les fenêtres ouvertes »
Il est important, selon lui, de garder les fenêtres ouvertes sur l’autre. « Garde les canaux par lesquels il y a possibilité d’assurer les échanges interculturels et religieux », a-t-il noté. Boguslaw Zagorski a, de son côté, déclaré qu’en Pologne, existe une communauté musulmane locale et ce, depuis six siècles. « Cette communauté est reconnue et tolérée.
La Pologne est un mélange de religion et de culture», a-t-il souligné. Il précis qu'en plus des musulmans locaux, il y a ceux qui viennent d’autres pays, à l’instar des arabes, des pakistanais, des turcs… « Si les musulmans locaux se sont adaptés à la société polonaise, les nouveaux musulmans ont cependant des difficultés d’intégration », a-t-il relevé. Boguslaw Zagorski a, par ailleurs, regretté que ces derniers temps il y a un repli de la société polonaise, notamment avec la montée du nationalisme. La question des réfugiés suscite de la suspicion, d'après lui. Toutefois, il a rappelé que depuis une vingtaine d’années une organisation sociale œuvre à promouvoir le dialogue inter religieux. Pour Mustapha Cherif, tout le monde doit être concerné par la dialogue inter religieux ». Regrettant qu’il existe des préjugés de part et d’autre, il a appelé les sages et les penseurs à déconstruire ces préjugés pour une reconstruction nouvelle de l’image des uns et des autres, pour une cohabitation durable et crédible. Il faut, selon lui, sortir de la subjectivité et combattre les extrémismes. « Notre regard réciproque doit se corriger. Aucune identité n’est monolithique. La pluralité est légitime. L’avenir dépend du dialogue des civilisations pour semer la paix dans le monde », a-t-il conclu.
Yacine Idjer
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