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Kamel Chekkat, membre fondateur de la ligue des Oulémas du Sahel

"IL Y A UNE UNE TERMINOLOGIE QUI VISE A JETER L’ANATHEME SUR L’ISLAM "

Ne croyez vous pas que plus qu’on parle de dialogue plus on confirme la rupture entre l’Islam et l’occident ?

Ce qui nous pousse à parler de ce dialogue est le fait que ce gouffre existant ait pris beaucoup de profondeur. Il est vrai que dans la majorité des cas, c’est beaucoup plus la partie occidentale, avec son background chrétien ou judéo-chrétien qui a pris l’initiative, car il ne faut pas se voiler la face, chez les intellectuels européens il y a beaucoup plus de courage que vous ne trouveriez chez certains intellectuels musulmans. Nous sommes dans la phase réactionnelle, parce que dans le fond, les européens sont toujours prisonniers de leur mythologie alors que nous musulmans sommes prisonniers d’un passé glorieux que nous n’arrivons pas à récupérer.



Membre fondateur de la ligue des oulémas, imams et prêcheurs des pays du Sahel, quel est le rôle et la mission de cette ligue ?
moins canaliser cette violence qui déchire le Sahel? La ligue englobe tous les pays dits du processus de Nouakchott (onze pays). Nous sommes implantés dans l’Afrique Subsaharienne et nous travaillons dans le domaine de la lutte contre la radicalisation menant à la violence, car dans notre esprit, nous ne parlons par de déradicalisation, selon le modèle anglo-saxon, nous partons du principe que nous ne pouvons pas formater le cerveau et le reformater, le programmer et le reprogrammer à loisir. Les gens peuvent être radicaux, ce qui nous importe c’est que cette radicalité n’aille pas jusqu’à s’exprimer par la violence, c’est l’extrémisme violent qu’il faut combattre. Nous sommes dans cette conduite d’idée. Nous avons des chantiers, travaillons sur « la réforme en Islam » et non pas « la réforme de l’Islam », car il y a beaucoup de choses qui doivent se réformer. Il faut d'abord commencer par la réforme de l’enseignement religieux, nous sommes en train de travailler là-dessus pour produire un guide de bonne pratique.

Pensez-vous que le terrorisme est exclusivement lié à l’Islam au moment où on parle d’acte isolé lorsqu’un acte est commis par des chrétiens ?
Il y a actuellement une grande dérive sémantique. Au début du siècle dernier, on entendait par exemple du fondamentaliste qui s’opposait à toute sorte de progrès au Etats-Unis. Un autre terme qui rejoint le mot fondamentaliste est l’intégriste, il faut rappeler qu’au début du XXème siècle en France, l’intégriste était le chrétien borné qui voulait revenir à une pratique pure du christianisme, où même les lutheries ou les messes devaient se faire soit en latin soit en grec. Historiquement parlant se sont deux termes qui n’ont pas leur place en Islam, et malheureusement on nous appelle ainsi. Il y a une terminologie qui vise à jeter l’anathème sur l’islam et les musulmans.

Entretien réalisé par Adel Brahim

 


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