Mahmoud Boudarène, psychiatre |
"LA MEDECINE NE SOIGNE PAS LE MALHEUR "
Mahmoud Boudarène est psychiatre et Docteur en Sciences biomédicales. Il vient de publier « La violence sociale en Algérie » aux éditions Koukou à Alger
Comment s’est fait votre passage de la psychiatrie à l’écriture ?
Lorsqu’on est psychiatre, on est naturellement observateur de la société, parce qu’on ne peut pas comprendre la société, la pathologie mentale si on ne regarde pas ce qui se passe autour de nous. Chacun sait que notre environnement, physique ou social, il y a quelques injustices sociales. Dans notre pratique quotidienne, on est confronté à des situations où en toute évidence, la médecine n’apporte pas de solutions. Quand quelqu’un tombe malade parce qu’il est accablé par les problèmes de la vie, quelqu’un tombe malade parce qu’il est malheureux, la médecine ne soigne pas le malheur. Voilà pourquoi, je suis passé du soignant à l’écrivain(...) Il se trouve que la justice dans notre pays ne s’applique pas de la même façon, c'est-à-dire de façon équitable pour chaque citoyen. L’accès, par exemple au savoir, aux soins, à l’enseignement, n’est pas identique pour tous les citoyens. On peut parler d’injustice sociale.
Comment expliquer « la violence sociale » ?
Quand la société est défaite et qu'elle n’a plus les mécanismes qui régulent son fonctionnement, la violence apparaît. La paix sociale est alors menacée.
Partagez-vous l’avis des critiques qui disent que vos écrits s’inscrivent dans la lignée de Frantz Fanon ?
C’est un honneur pour moi, si des gens pensent que je suis dans la lignée de Frantz Fanon, un psychiatre pionnier. Je partage aussi ses opinions. Peut être quelque part, dans mon inconscient, je puise un peu cette volonté de comprendre la société, la maladie mentale, de ce qu’il a écrit.J’envisage d’écrire, pour la première fois, un roman. J’ai envie de me faire plaisir. Sa publication est prévue pour bientôt.
Entretien réalisé par Farès Ferhat |
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