| L’esprit D’une Édition |
GISEMENTS DE SAVOIR ET D’IDEES
A travers sa communication, et particulièrement son slogan et son visuel, un événement tente toujours d’exprimer l’esprit et les idées qui ont orienté sa préparation et permis de définir sa personnalité.
D’une édition à l’autre, le Salon International du Livre d’Alger, à travers sa promotion, s’attache à délivrer des messages positifs sur le livre, la lecture et toutes les vertus qu’ils apportent aux individus comme à la société. L’an dernier, en direction particulièrement des jeunes qui liraient moins que leurs aînés et sont fascinés par les nouvelles technologies de communication, la 21e édition du SILA avait retenu comme slogan «Le livre, totale connexion». C’était une manière de souligner combien ce précieux support de culture pouvait nous connecter au monde des savoirs et des expressions, de manière différente mais efficace et, surtout, profonde et durable.
Cette année, le débat national, au niveau tant de la société que des institutions, s’est particulièrement focalisé sur les difficultés économiques du pays consécutives à la baisse des cours des hydrocarbures. Et, en ces circonstances, la volonté de diversifier les ressources du pays est régulièrement réaffirmée.
Aussi, en choisissant comme slogan de l’édition l’expression «Le livre, un trésor inépuisable», il s’agit de souligner que si les ressources naturelles ou géologiques ne sont pas éternelles en quantité ou en valeur, le livre constitue en revanche une mine inépuisable et une véritable source de richesses. En effet, l’histoire comme les temps présents nous montrent de manière évidente qu’aucun développement économique et social ne peut se construire valablement sans le savoir et une maîtrise élevée des sciences et techniques. C’est pourquoi, dans les pays avancés qui ont conçu les nouvelles technologies de communication et en possèdent les réseaux, le livre n’a, en aucune façon, perdu de sa présence et de son importance. Les universités les plus prestigieuses au monde, y compris celles réputées pour leurs spécialisations en sciences et techniques, accordent une telle priorité au livre et à la lecture qu’elles abritent des bibliothèques dont les fonds comprennent des millions d’ouvrages assidument consultés par les enseignants et les étudiants.
Le parcours de tant de savants qui ont révolutionné le savoir humain par le passé et celui des grands chercheurs actuels à la pointe des découvertes contemporaines montre aussi que, loin de se contenter de lectures dans leur spécialité, ils ont toujours été ouverts à tous les genres éditoriaux, dont la littérature. L’histoire même des grands savants de la civilisation musulmane confirme de manière spectaculaire cette observation. Astronomes, médecins, mathématiciens, chimistes, opticiens ou autres, ils étaient aussi poètes, écrivains, dans une interaction formidable entre les sciences et les lettres. C’est en vers que Ibn Sina avait écrit Les Canons de la médecine. Et les savants et créateurs de la Renaissance européenne leur ont emboîté le pas.
Il n’existe pas de genre éditorial plus important ou utile qu’un autre. S’ils s’inscrivent dans des domaines et styles d’écriture différents, ils œuvrent tous globalement à l’élévation des individus, des sociétés et des nations. La littérature, dans toutes ses versions (roman, nouvelle, poésie, théâtre) permet de porter les valeurs et les émotions. Mais elle est aussi un tremplin de l’imagination, autant pour l’écrivain que pour le lecteur, et c’est grâce à elle que sont apparues toutes les inventions passées et présentes. Sans imagination, le savoir est impuissant. Sans imagination, un économiste ne peut utiliser les connaissances et les données dont il dispose pour projeter dans l’avenir des voies et des moyens d’atteindre la prospérité ou de sortir d’une crise.
De plus, la lecture, quel qu’en soit l’objet, permet d’acquérir, particulièrement en bas âge mais non exclusivement, la maîtrise des langues sans laquelle il ne peut y avoir de communication efficace. Et cette maîtrise est indispensable à tous les métiers et à toutes les disciplines de la vie, y compris les plus utilitaires. De la plomberie à la médecine, de la confection de vêtements à la physique nucléaire, rien ne peut se faire sans mots, et plus on en connaît, plus on sait les manier, plus on peut être efficace.
Ainsi, la solution à toute crise, comme le lancement de toute amélioration ou progrès, passe d’une manière ou d’une autre par le livre et ses contenus. On peut affirmer qu’il est un instrument du développement durable qui se fonde sur la connaissance du milieu et de toutes les réalités (économiques, sociologiques, culturelles…) et les ressources de l’innovation (liées directement à l’imagination) pour produire des solutions adaptées et réalisables.
On doit citer ici les essais en sciences humaines qui permettent de nourrir la maîtrise économique d’une nation et sa gouvernance, de susciter des débats sur les modèles de développement ou le management des entreprises et des territoires. D’une manière générale, il est établi que les indices élevés de développement s’accompagnent souvent de pratiques de lecture généralisées et fréquentes.
Affirmer donc que la sortie d’une crise peut se trouver d’une certaine manière à l’entrée des librairies ou des bibliothèques n’est pas fantaisiste du tout.
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